Lundi 14 avril se tenait notre 3ème réunion de négociation pour la mise en place d'un accord d’intéressement au sein de la société euro-engineering. Suite aux différentes déclarations encourageantes de la Direction sur ce sujet depuis quelques mois, les Représentants Syndicaux Cfdt et Sud abordaient confiants ces négociations avec la Direction pour définir les modalités de répartition de l'enveloppe que l'entreprise avait décidé d’allouer à l’intéressement.
Mais c'était sans compter sur la capacité de nos dirigeants à changer d'avis et cette réunion tourna rapidement court quand notre Directeur nous annonça qu'il avait décidé de mettre fin à ces négociations, pourtant entamées quelques mois plus tôt à l'initiative de la Direction!
Rappel du contexte:
Cette décision brutale nous fait dire que décidément l'histoire se répète puisque l'on se souvient qu'un an plus tôt la Direction avait déjà ouvert des négociations qui devaient elles aussi avorter pour des raisons qui restent assez confuses.
On nous avait donc juré, la main sur le coeur que cette fois c'était différent, que l'enveloppe était bien provisionnée par le groupe qui avait donné son feu vert après des mois de discussions, que c'était un élément essentiel pour améliorer l’attractivité de la société et fidéliser les collaborateurs ainsi que pour palier à un accord de participation tellement minimaliste qu'il n'a jamais permis de dégager le moindre euro pour les salariés...
Nous apprenons donc une nouvelle fois qu'il n'en était rien et que tout est à nouveau remis en cause.
Dialogue social ? Connais pas !
Nous en sommes à nous demander quelle malédiction touche cet accord d'intéressement qui est pourtant loin d'être une avancée sociale exceptionnelle et permet à bon nombre de nos concurrents directs de redistribuer une partie de leurs bénéfices et ainsi d'augmenter la motivation de leurs salariés.
Notre Directeur ne nous a pas donné de réponse précise, mais seulement quelques pistes qui sont donc à prendre avec précaution...
Tout d'abord, il a rappelé, et cela n'étonnera pas grand monde ici, que le collectif (sous entendu "les augmentations collectives") n'est pas sa tasse de thé.
Partant de :ce principe, l'idée que l'argent d'un accord d’intéressement bénéficie à l'ensemble des salariés peut effectivement sembler inconcevable pour nos dirigeants, et peut-être encore plus si il faut en discuter la répartition avec les organisations syndicales qui, comme chacun le sait, sont réfractaires à des mesures individuelles qu'elles jugent inéquitables.
Une autre hypothèse (qui n'a pas été évoquée par notre Direction mais pourrait tenir la route) pourrait être que l'argent d'un accord d'intéressement est versé à tous les salariés présents sur l'année passée, y compris aux sortants. Compte-tenu de l'importance de notre taux de turn-over (surtout si l'on inclut les CDD), cela fait un bien mauvais retour sur investissement pour notre Direction, si on considère qu'une partie de l'argent sera distribuée à des salariés ayant quitté l'entreprise.
Vers une refonte des modes de rémunération au mérite?
Comme nous interrogions notre Direction sur l’intérêt pour la société d'ajouter un nouvel outil d’augmentation au mérite alors qu'elle dispose déjà d'augmentations qui sont toutes individuelles, et de primes allouées sur des critères relativement opaques, notre Directeur nous a répondu que le système actuel de prime bénéficie surtout aux collaborateurs dit "de structure" (commerciaux, administratifs, RH,...) et qu'il souhaitait imaginer des dispositifs similaires pour les collaborateurs "exploitation" (ou exploités, on ne sait plus trop, en tout cas il s'agit du personnel dont les prestations sont facturables à des clients), voir de réorienter une partie des primes allouées à la structure vers l'exploitation (qui a dit déshabiller Paul pour habiller Jacques?). Quoi qu'il en soit à l'heure actuelle on n'est sûr de rien, même pas du pire.
Il est encore difficile de déchiffrer les intentions réelles de la Direction, mais on ne peut qu'être extrêmement réservés pour la suite des évènements, notre Directeur semblant bien décidé à réfléchir seul dans son bureau et à se contenter d'informer les représentants du personnel lorsque sa décision sera prise.
Il est certain que cette façon de faire permet d'éviter les longues séances de négociations éprouvantes avec des représentants syndicaux exigeants tout en évitant de prendre en compte les attentes des salariés, mais il n'est pas certain que le fruit de ces réflexions suffisent à satisfaire la majorité des collaborateurs.
En conclusion
Nous espérons donc que notre Direction trouve rapidement la voie du dialogue social et que cela se traduise rapidement par des mesures concrètes pour motiver les salariés et leur retourner une partie des bénéfices qu'ils génèrent. Sans quoi la comparaison de leur rémunération stagnante avec les résultats explosifs d'euro engineering sur l'année 2013 risque d'être très cruelle et dynamiter d'autant une motivation déjà bien éprouvée...
Honte à nos dirigeants
RépondreSupprimerFaudra pas s'étonner qu'on se barre chez les copains d'en face !